Les silences sont très doux. Les bruits sont ceux d’un rouget qui, ici et là, frétille en l’air et retombe dans l’eau, du bruissement des feuilles à peine agitées par le vent, du rappel des oiseaux migrateurs qui arrivent après un long voyage des Pays de l’Est et descendent avec de larges envolées sur la lagune de Caorle qui est restée antique dans ses humeurs et dans la saveur de la vie.

Ernest Hemingway
Caorle, 1948

Je me souviens d’un endroit où, pendant des années, ma famille, ma sœur et moi passions l’été. C’était l’Hôtel Sara. Un lieu où le soleil de la Méditerranée vous pénètre jusqu’aux os et où, chaque jour, se répète le miracle de l’aube qui embrase la mer. J’étais transporté par la magie de ce spectacle extraordinaire et je me demandais si je pouvais emprunter cette passerelle colorée pour atteindre l’horizon. Puis, lentement, comme par enchantement, l’eau prenait la couleur transparente du ciel. Encore aujourd’hui, je vois le soleil s’enflammer dans les eaux tranquilles, je vois le vol des mouettes blanches, les rochers, la petite plage et ses quelques maisons, le petit môle et les bateaux avec leurs filets de pêche. La plage, la mer et le village, qui attirent chaque été des milliers de touristes des quatre coins du monde, ont connu, comme Venise toute proche, des défaites et des pillages. Mais la magie de ce monde ancien reste intacte, il conserve le charme de ces lieux faits de mer, de lagunes et de monuments singuliers.